Ombre
toi
au désir
de l’obscur
La nuit te refermera ses voix
la nuit jouira à la rosée
de sa peau
Coulera
en pierres
l’organe
volcanique.
L’orage sera en toi
l’orage indéfini
des sens
inexplorés
Le battement à silence
de flamme
à courbure
de flanc
La nuit
se fera
reptile
ponctuel
Elle nous fuit
reptile
rassemblé
se résout
en un point
incliné.
Granit
à sol désoeuvrés
nos corps
assoiffés
La pluie
en complainte
précipite à contrées
verdâtres
Nous restons
à lieux dits
nos membres rassemblés
au crépuscule
du vent.
J’entre en plage
à la lèvre amère
du rivage
Monte la marée
en frisson céleste
sur le sable
imperméable
L’astre
à ton visage
se plisse
et ondule
Nulle trace
à désir
son ombre.
Venir à crête
de nuit
en astre rugissant
Cette ondulation
sur le chemin
s’abandonne
Personne n’y prend garde
l’envie comme la lèpre
ronge l’acier
Nulle pénombre
de corps
ou d’abeille
Il pèse à lave fraîche
un amas d’interdits.
Duvet laiteux à gestes
incertains
Les souffles de la nuit
à ta peau
convergents
jouissent à ta porte
Ton soupir
sur la rosée matinale
La plaine à odeur
de toi
fera frémir sa faune
à s’envoler
Son corps sur le lit
de l’oubli
féconde à horizons
multiples.
Ce toi qui sommeille
aux printemps
des naufrages
Des larmes se diluent
à l’embrasure
de ton œil
Le vent suspend
sa course
morbide
Et tu étires tes rêves
en illusion
dernière.
Tu jaillis de l’oubli
dans un soleil nordique
Tu entres à la vie
que l’hiver
serpente
Ton antre
est d’un souffle
équatorial
Tu jaillis de toi
comme l’ombre
épousée à la nuit.
Ta planète
Grenade à couleurs de mirage
que guette le verger
Je ne puis
inventer
autre saison à tes humeurs
L’orage qui doucement
oscille
à zénith persistant
Ta jungle à visions
d’ombres
que le désert explose
Je suis à tes pieds
des géographes
le pire.
Je vis
à l’absolu secret
de ma divine
Elle me dit n’être pas
sainte terre
ni mine de tendresse
Elle ne dit pas
ses objections sont des échos
interminables
Mes mots sont
tambour futile
au tempo d’une autre
Pas même un caprice.
Se consument
les automnes synchronisés
Je lave mes yeux
comme une glace
imparfaite
Ils dirent les avoir vu
briller
plus fort que
le jour
Ils dirent même les avoir vu
danser
dans le fin crépitement
du bois
Mes yeux verront-ils
à travers
l’automne ?
Le silence de toi
comme une morsure
marine
Je tombe dans le vertige
de ta symphonie
muette
Les ombres se rient de moi
et ton regard
inconstant
courbe des cils
indifférents
Je me briserai le dos
à ne garder
que mes yeux
désarticulés.
J’irai monter
à tes gouffres de torture
où mes paroles éventrées
La prison naît d’amour
quand l’amour
indigène
Qui veut n’est pas
traître de son
âme
A bout de chaîne
les murs sont
humides
Mon corps
à résistance
futile.
A craindre vrai
l’injuste résonance
de l’acte
dévasté
Le visage incendié
fuit ton passage
et tes caresses
dégoûtées
La peau qui se creuse
à larges
envolées
de vie
Je vivrai de n’appartenir
à l’oiseau
morbide.
A être
le paysage oublié
l’opéra fantôme
j’irai valser
sur l’oued
disparu
Les flots
peut-être en sommeil
à mes pas
caustiques
Je ferai la terre
trembler
sous mes pieds
lorsque volcanique
l’oued
jaillira vers moi
laver
son lit.
Je laisserai mes rues
à ta secrète
exploration
Mes rêves ne sont
que bouts d’amnésie<
et tu es mon rêve
défragmenté
Je n’ai construit de mes nuits
qu’un oiseau
migrateur
qui de toi
ira traîner
dans des bouches obscures.
L’oubli est ma paresse
car ton rire trop
doux
ne peut être
à moi
Je ne puis que croire
à tes nuits
d’évasion
quand mon corps
sous toi
n’était qu’un relief
Mes pulpes ont oublié
toute image
suspecte.
Je mettrai mon oreille
à écoute grave
aux heures de l’envie
Je me ferai objecter
l’âpre traumatisme
vocal
Je ne dois rien dire
de mes pales lueurs
A mort l’argile
sous les neiges
stérile
Je ne dois rien dire
de mes mots
inesthétiques.
A l’ombre de Grenade
mon corps frémit
de gelure
Mon souffle sédimente
à la lueur des
tropiques
La vie
à bruit de temps
s’étire à l’infinie flagellation
La vie
à bruit de cœur
Quitte la caravane
à évanouissement de sable.
A l’ombre de Grenade
les mots explosent
à rivage
incertain
L’organe
volcanique
sur la vallée
à scintillements
de vagues
A l’ombre de Grenade
une étoile
me fit signe
Je brûlerai mes mots de velours.